Devant le site Belle-Etoile de Domo, à Saint Fons, la colère est palpable. David Marquez, délégué CGT de 58 ans, dénonce la "violence" des annonces faites le 10 mars dernier : la suppression de 155 postes sur les 506 emplois du site et la fermeture de deux unités de production.
"Il n’y a pas de raison que nous soyons les seuls à payer le prix de la crise, après toutes les heures de travail accumulées, martèle-t-il. On ne va pas se laisser faire". Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été mis en place ce 19 mars.
"Avant, on nous proposait un reclassement dans un autre site, y compris à l’étranger, nous précise Jean-François Fanjat, délégué CFDT, maintenant ce n’est plus possible. Et les autres entreprises dans la chimie ferment les unes après les autres dans le secteur."
Employé ici depuis plus de vingt ans, le syndicaliste a connu plusieurs restructurations, y compris le rachat successif du site, autrefois propriété de Rhône-Poulenc.
"A l’époque de Rhône-Poulenc ou Solvay, nous avions plusieurs sites vers lesquels nous retourner. Aujourd’hui, au sein de Domo, le seul reclassement possible serait à Valence. Autant dire qu’on ne pourra sauver que très peu de salariés."
Les négociations doivent démarrer le 28 mars dans le cadre du PSE. Les syndicats espèrent négocier "une vingtaine d’emplois" mais Jean-François Fanjat prévient : "On ne va pas faire des miracles." Les employés concernés ne sont pas encore connus : "Ce n’est pas parce que tel poste est supprimé que celui qui l’occupe sera au chômage, explique-t-il. Le calcul est différent et tout le monde est concerné."
Sollicitée ce jeudi, la direction a renvoyé notre rédaction vers son communiqué de presse publié le 10 mars, dans lequel l’entreprise de production de polyamide (matière chimique utilisée dans l’automobile ou les biens de consommation) précise "opérer sur un marché très difficile, marqué par une faible demande et une surcapacité de production." Domo pointe notamment du doigt les coûts de l’énergie, la hausse de la concurrence en Europe et une plus faible demande des clients des secteurs de l’automobile et du bâtiment.

Source : Le Progrès du 21/03, Chloé Pasquinelli