Le CRES TotalEnergies change de braquet. CLAP 2
L’enquête flash comme déclic syndical.
Le centre de recherche de TotalEnergies (CRES) à Solaize (69) compte 270 salariés. La CFDT y est implantée depuis longtemps et elle a toujours été majoritaire. Depuis quelques années, le nombre d’adhérents s’effrite lentement, les quelques adhésions annuelles ne compensant pas les départs. Nicolas Le Bouder est délégué syndical depuis janvier 2022. Dès lors le nombre d’adhérents a fortement augmenté.
Nicolas LE BOUDER est entré au CRES en 2005 en tant que technicien motoriste. Il a toujours voté CFDT et n’a adhéré qu’en 2009 sous la pression amicale de Sansoro Roberto, son collègue.
Un militant dans l’âme, Nicolas se présente « J’ai toujours pensé qu’un jour je serai militant pour défendre les autres. J’ai été élu au CE en 2012 puis au CSE et en 2022, j’ai remplacé Laurent Menu comme Délégué Syndical avec Sansoro Roberto lui aussi DS. Nous formons un duo complémentaire, il apporte beaucoup par son expérience syndicale ».
L’enquête flash comme déclic syndical.
Nicolas s’était fixé deux priorités : préparer les élections et faire des adhésions
Il a sollicité Estelle Delaune, responsable développement du SCERAO. Elle lui a proposé d’engager une enquête flash. Cette démarche permet de rencontrer les salariés et d’alimenter les revendications. Nicolas précise « on a mené deux enquêtes en parallèle Cadres et Qualité de Vie au Travail, on a rendu les résultats qui n’étaient pas mirobolants. Mais le plus important est qu’on est allé au contact des salariés. C’est un boulot essentiel pour les DS. Et on a recruté de nouvelles personnes pour constituer nos listes. »
Un échec pour mieux se relever.
Malgré cette dynamique, la CFDT passe de 63 à 57% aux élections et obtient 5 sièges contre 6 pour l’autre organisation syndicale. Cet échec va tourner à leur avantage. Nicolas explique « on leur a laissé tous les postes. Ça nous laisse du temps pour la syndicalisation et on garde la main dans les négociations. Une fois les élections passées, des salariés jusqu’alors réticents sont revenus me voir pour adhérer. Aujourd’hui nous parvenons aussi à nous développer chez les cadres. En fait les gens ne connaissent pas bien l’action syndicale, ils ont peur qu’en adhérant on les embrigade. »
En 2022, ils ont fait 12 adhésions. Nicolas décrit « On fait des tournées, les gens nous parlent de leurs problématiques et je leur propose l’adhésion. Parce que c’est la condition pour peser et faire le nombre. Le DS n’est rien sans adhérent. Quand on est syndiqué, on apporte sa voix, on fait partie du collectif ».
Aller au contact et valoriser l’adhésion, le cercle vertueux.
Nicolas reconnait qu’il n’était pas à l’aise pour aborder les gens : « J’ai appris à écouter, à aller au contact. Je réponds aux questions, j’apporte des éléments de contradiction si nécessaire. Aujourd’hui, avec l’aide de Sansoro, j’y arrive plus naturellement.
Je ne vends rien, je fais simplement la promotion de l’action collective. Sans adhérent, il n’y a pas de section syndicale ! »
L’adhésion est contagieuse comme le décrit Nicolas « C’est difficile d’entrer dans un service mais quand on y est, on progresse. Les collègues parlent entre eux. Les adhérents nous recommandent auprès des collègues. Ce sont parfois des services entiers qui ont adhéré. »
L’adhésion, un plus pour le salarié et l’équipe CFDT.
Nicolas explique « Dès qu’un salarié adhère, je lui transmets les infos CFDT. Nous questionnons les adhérents avant les CSE et ils ont la primeur de l’info après. Je les invite aux réunions de section. Nous sommes souvent 15 à 20 présents. J’ai dû signaler à la direction que notre salle de réunion devenait trop petite ! Nous projetons d’organiser des moments conviviaux pour faire vivre le groupe. »
Avoir plus d’adhérents, c’est remonter plus de questions, gagner en efficacité. Nicolas ajoute « Ça met la pèche à toute l’équipe, c’est une fierté. Et même pour les nouveaux adhérents, savoir qu’ils ne sont pas seuls à adhérer c’est motivant. Localement, grâce à cela, nous avons amélioré notre rapport de force aujourd’hui. »
Rien n’est impossible. Après les élections, l’équipe avait envie de baisser les bras et elle a trouvé un autre chemin pour avancer.
Nicolas a beaucoup apprécié le soutien et les félicitations de la liaison (José, Geoffrey,Teddy et bien d’autres) et du syndicat (Estelle et Eric) suite aux adhésions. Maintenant, il a envie d’aider les autres sites à se développer.
Sonia Younesse travaille au CRES depuis 2008. D’abord dans un laboratoire d’analyse puis au centre de recherche à la formulation fluide.
Sonia a toujours voté pour la CFDT car elle apprécie l’image des militants locaux. Consciente que les syndicats sont utiles, elle pensait que voter suffisait. D’un tempérament plutôt réservé, elle ne s’est jamais engagée. L’adhésion à la CFDT signifiait pour elle, adhérer à toutes les idées de la CFDT, cette image de la pensée unique la rebutait.
Sonia explique « Lors des dernières négociations, j’avais l’impression que les syndicats étaient de moins en moins écoutés. En discutant avec des collègues qui connaissaient des élus CFDT, je me suis rendu compte que l’adhésion pouvait apporter du poids au syndicat. J’ai contacté Nicolas. Nous avons longuement discuté, il m’a décrit ce qu’est la CFDT. De l’extérieur on voit ça plutôt fermé et en fait, non. Mon cheminement s’est fait petit à petit et ce n’est pas une seule discussion qui m’a fait adhérer ».
Elle ne fait pas spontanément le rapprochement entre son adhésion et l’enquête flash lancée par la section. A la réflexion, elle réalise que c’est à cette période qu’elle s’est interrogée sur la CFDT « Je n’aurais pas eu l’initiative de moi-même s’il n’y avait pas eu l’enquête flash et les échanges avec mes collègues. »
Sonia complète « Je ne sais pas si j’aurais pu adhérer avant. J’ai évolué au cours de mon parcours professionnel, j’ai muri. Comme quoi un NON un jour n’est pas un NON toujours. »
Dès qu’elle a adhéré, elle a vu la différence « J’ai pu participer aux réunions de la section, contribuer aux questions du CSE, donner mon avis. On me l’avait dit mais c’est encore plus vrai que je ne l’imaginais. On est tous à égalité. C’est génial, je me sens plus impliquée dans les décisions et les débats même si je n’ai pas forcément de temps à y passer. Je ne me sens pas capable de représenter la CFDT mais je contribue à peser. Et Nicolas est très accessible. »
Sonia a suivi la formation Bienvenue à la CFDT animée par Estelle et Marie au SCERAO. Elle y a découvert le fonctionnement, l’histoire, la politique de la CFDT et conseille à tous les nouveaux adhérents de la faire « Ça m’a confortée dans mes choix ».
Sonia conclut « En étant syndiqué, on peut avoir accès à un réseau et avoir des infos sur tous les sujets. Ce qui me plait le plus dans la CFDT c’est la solidarité. Le DS pilote la section et il est porté par les adhérents. Les salariés sont informés, les adhérents sont impliqués et ça, ça change tout. »